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      Les Mondes d'Ewilan

 

 

 

 

 

 

    La forêt des captifs

« Le garçon se plaqua au sol, le nez dans la boue, tentant désespérément de disparaître sous l’épaisse couche de feuilles mortes gorgées d’eau, toute sa volonté concentrée sur un seul objectif : devenir invisible. Inaudible. Inodore. C’était une question de vie ou de mort.

Non. Pas de vie ou de mort. Bien plus que ça.

Un froid glacial s’infiltrait au travers de ses vêtements trempés et la blessure à sa cuisse irradiait une douleur presque insupportable. Il se mit à grelotter, incapable de maîtriser le tremblement de ses membres, le claquement de ses dents.

Les pas se rapprochèrent sans qu’il parvienne à en trouver l’origine avec certitude. Si c’était un garde, même accompagné d’un chien, il avait une chance de s’en sortir.

Si c’était…

Il ferma les yeux, se concentrant sur son image à Elle. Pas l’image qui l’avait révolté quelques jours plus tôt quand il avait enfin réussi à l’apercevoir – cet être décharné au regard éteint n’était pas la fille qu’il aimait – mais celle qui le hantait depuis le début et lui donnait la force de poursuivre. La force de survivre.

Il se concentra jusqu’à ce que plus rien n’existe que ses yeux immenses d’un violet intense… et, une fois encore, la magie opéra. Les tremblements s’espacèrent, la douleur reflua, les feuilles détrempées et les branches brisées sous lesquelles il s’abritait cessèrent de s’agiter, sa respiration s’apaisa.

Il était temps.

Un grognement sourd retentit à moins de dix mètres, qu’un ordre sec fit taire. Un chien et un garde ! Il ne s’agissait que d’un molosse de quatre-vingts kilos dressé à déchiqueter ses adversaires et d’un homme armé jusqu’aux dents prêt à tirer sur tout ce qui bougeait. Il avait de la chance !

Aussi silencieux qu’une écharpe de brume, il s’enfonça un peu plus dans l’humus, retint son souffle, ne fut plus qu’une chose sans vie perdue sous les frondaisons d’une forêt sombre, au milieu de la nuit. Au milieu de nulle part.

Malgré la lune gibbeuse, l’obscurité était profonde sous les arbres ; le garde ne le vit pas.

Après des jours et des jours passés à errer dans les bois, il avait fini par prendre leur odeur, une odeur de terre et de boue, une odeur de moisi et de champignons, une odeur indécelable ; le chien passa sans le flairer.

Salim se remit à respirer. Â»

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