top of page

         La Quête d'Ewilan

 

 

 

 

 

 

                       L'île du destin

« -Bjorn, est-ce normal qu’il neige en été ?

Le chevalier gratta sur son menton les quelques poils qu’il essayait de transformer en barbe.

- Je n’en sais rien, Ewilan, je n’en sais fichtre rien ! déclara-t-il finalement. Nous arrivons dans les Marches du Nord, le pays des Frontaliers. De nombreuses légendes courent au sujet de cette contrée, mais une chose est sure, rien n’y est comme ailleurs.

Camille soupira et un nuage de vapeur se forma devant son visage, avant d’être balayé par la bise qui soufflait des montagnes. Elle avait beau être emmitouflée dans une épaisse cape de laine, la tête couverte d’une capuche fourrée, le froid la transperçait, et elle était certaine qu’au moindre choc ses doigts allaient se briser en mille morceaux.

Devant elle, la couleur de l’herbe et des arbres s’estompait sous une fine couche de neige encore diaphane. Le ciel était sombre et le soleil totalement voilé. Les premiers flocons s’étaient mis à tomber en début d’après-midi, achevant d’accorder le paysage à son humeur.

Pour la énième fois de la journée, elle se remémora le départ de Salim et, pour la énième fois, elle serra les mâchoires pour ne pas crier.

Ils étaient partis tôt, après des adieux qu’Ellana avait voulus brefs afin qu’ils soient moins douloureux. Cela n’avait pas empêché Bjorn de pleurer, ni les larmes de briller dans bien des regards.

Salim, contrairement à son habitude, n’avait rien dit ou presque. Les yeux dans le vague comme s’il fuyait volontairement une réalité impossible à supporter, il évitait soigneusement de s’approcher de Camille. Il avait jeté son sac sur ses épaules sans paraître éprouver d’émotion particulière, et ce n’est qu’après avoir fait quelques pas qu’il avait éclaté :

- Trois ans, pas un jour de plus ! Je te le jure, Camille !

Puis il s’était tourné vers Ellana :

- Alors qu’est-ce que tu attends ? Il faut partir, c’est l’heure !

La jeune marchombre avait inspiré longuement. Son attitude témoignait de son déchirement. Ses yeux allaient et venaient de Salim à Camille, de Camille à Salim, s’arrêtant parfois sur Edwin qui la regardait fixement.

Elle avait ouvert la bouche comme pour parler, puis s’était ravisée et avait saisi les rênes de son cheval.

- Allons-y, avait-elle lancé d’une voix hésitante.

Murmure marchant derrière eux, ils s’étaient éloignés vers le sud sans se retourner et Camille avait senti son cÅ“ur se froisser comme un vulgaire bout de papier. Â»

​FOLLOW ME

  • Wix Facebook page
  • Twitter Classic
  • c-youtube
bottom of page