Prologue

Cernés

 

Nous étions cernés. Les semis se rapprochaient. Silencieux. Puissants. Mortels.

La pleine lune luisait sur leurs longues griffes. Leurs crocs étincelaient et, d’une certaine façon, c’était étrangement beau, ce ballet d’énormes corps velus. Car ils étaient gracieux, ces monstres bipèdes qui nous entouraient.

Gracieux. Et furieux. Et affamés. Le seul ennui, c’était leur dîner.

Nous.

 

Chapitre 1

Venin de loup

 

Ce n’était pas juste. Je savais déjà depuis longtemps que la vie pouvait être une belle garce qui semble vous donner tout ce que vous avez désiré pour vous le retirer l’instant d’après.

En vous agitant le doigt sous le nez et en secouant la tête en faisant « tss tss tss ». Mais là, ce qui venait de se passer était tellement inattendu, tellement monstrueux que j’avais envie de hurler.

Comme un loup.

Comme un chien blessé. Un cri qui toucherait l’âme et le cœur de ceux qui l’entendraient.

Katerina avait été mordue par Tyler. Ex-copain, ex-rival, loup-garou. Dingue de pouvoir. Puissant ennemi. Il était tout cela à la fois.

Et comme il ne pouvait pas avoir Katerina, il s’était débrouillé pour que je ne l’ai pas non plus.

Une morsure de loup normal ne faisait que blesser ou tuer.

Peut-être la mort était-elle préférable dans certains cas. Mais la morsure d’un loup-garou, c’était autre chose. L’humain mordu se transformait en monstre. Un semi. Un être assoiffé de chair et de sang, incapable de raisonner, ne vivant que pour chasser et dévorer.

Je connaissais les statistiques. Les attaques sur des filles se soldaient presque toujours par la mort. L’organisme féminin, peut-être plus fragile que celui des hommes, résistait bien moins au venin de la salive des loups-garous.

Arrêt du cœur.

C’était ce que j’avais lu. La fin secouée de convulsions qui attendait les victimes. Je n’imaginais alors pas une seconde que ce cas allait s’appliquer à la fille que j’aimais plus que tout au monde.

Plus que ma meute, plus que ma propre vie.

Si j’avais eu Tyler devant moi à cet instant, je pense que je l’aurais massacré à mains nues sans le moindre remords. Là, dans les bras des vampires qui nous amenaient au Lykos Ranch où nous allions devoir enfermer Katerina si elle survivait à sa transformation, je ne pouvais que prier qu’elle parvienne à survivre malgré le poison qui courait dans ses veines.

La chose qui me chagrinait le plus dans toute cette histoire, c’était que tout était ma faute. Je lui avais caché mes pouvoirs de rebrousse-temps et Katerina, afin de retrouver ma mère, n’avait rien trouvé de mieux que de faire semblant d’être amoureuse de Tyler.

Résultats de mon imbécillité ? Nous n’avions pas délivré ma mère ( pour une mystérieuse raison, elle avait réfusé) et Katerina risquait de mourir.

Un peu tard, je me jurais que, si elle survivait, jamais, jamais plus je ne cacherais quoi que ce soit à Katerina.

Car tout était suspendu à ces trois petits mots :

« Si elle survivait. »