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Harry Potter et le Prisonnier d'Azkaban

        â€” Heureusement que le sol était trempé. La boue a amorti sa chute.

        — Moi, j’ai cru qu’il s’était tué.

        — Mais ses lunettes ne sont même pas cassées.

        Harry entendait les voix qui murmuraient autour de lui, mais il ne comprenait pas ce qu’elles disaient. Il n’avait aucune idée de l’endroit où il se trouvait, ni de la façon dont il y était arrivé, ni de ce qu’il avait fait auparavant. Tout ce qu’il savait, c’était que chaque centimètre carré de son corps lui faisait mal comme si on l’avait systématiquement roué de coups.

        — C’est la chose la plus effrayante que j’aie jamais vue de ma vie, dit une voix.

        La plus effrayante… Les silhouettes encagoulées… Le froid… Les hurlements…

        Les yeux de Harry s’ouvrirent brusquement. Il était allongé dans un lit de l’infirmerie. Les joueurs de l’équipe de Gryffondor, maculés de boue de la tête aux pieds, étaient rassemblés autour de lui. Ron et Hermione étaient également présents. Ils avaient l’air de sortir d’une piscine.

        — Harry ! s’exclama Fred, le teint livide sous les taches de boue qui lui couvraient le visage. Comment tu te sens ?

        C’était comme si la mémoire de Harry s’était soudain mise à fonctionner en accéléré. L’éclair… Le Sinistros… Le Vif d’or… Et les Détraqueurs…

        — Qu’est-ce qui s’est passé ? dit-il en se redressant si brusquement que tout le monde sursauta.

         — Tu es tombé, répondit Fred. Une chute d’une bonne quinzaine de mètres.

        — On croyait que tu étais mort, dit Alicia en tremblant.

        Hermione, les yeux rouges, émit un petit gémissement suraigu.

        — Et le match ? dit Harry. Qu’est-ce qui s’est passé ? On va le rejouer ?

        Personne ne répondit. Harry eut alors l’impression de recevoir une pierre en pleine poitrine.

        — On n’a quand même pas… perdu ? murmura-t-il.

        — Diggory a attrapé le Vif d’or, dit George. Juste après ta chute. Il ne s’est pas rendu compte de ce qui se passait. Quand il a vu que tu étais étendu sur le sol, il a essayé d’annuler le match. Il voulait qu’on le rejoue. Mais il n’y a rien à faire, la victoire des Poufsouffle est indiscutable… Même Dubois l’a reconnu.

       — Où il est, Dubois ? demanda Harry qui venait de s’apercevoir de son absence.

       — Toujours à la douche, répondit Fred. Je crois bien qu’il essaye de se noyer.

       Harry colla son visage contre ses genoux en se prenant les cheveux. Fred lui saisit l’épaule et le secoua un bon coup.

       — Allons, Harry, c’est la première fois que tu n’arrives pas à attraper le Vif d’or, dit-il.

       — Il fallait bien que ça arrive un jour, dit George.

       — Et puis ce n’est pas fini, reprit Fred.

On a cent points de retard. Donc, si Poufsouffle perd contre Serdaigle et qu’on gagne contre Serdaigle et Serpentard…

       — Il faudrait que Poufsouffle perde d’au moins deux cents points, fit remarquer George.

       — Mais s’ils battent Serdaigle…

       — Impossible, Serdaigle a une très bonne équipe. Mais si Serpentard perd contre Poufsouffle…

       — Ça dépend de combien ils perdent…

Il faudrait une marge de cent points dans les deux cas…

       Harry resta silencieux. Ils avaient perdu… Pour la première fois depuis ses débuts dans l’équipe, il avait perdu un match de Quidditch.

        Une dizaine de minutes plus tard, Madame Pomfresh vint annoncer à l’équipe que la visite était terminée.

        — On reviendra te voir plus tard, dit Fred. Et ne te fais pas de bile, Harry, tu es toujours le meilleur Attrapeur qu’on ait jamais eu.

        Les joueurs de Gryffondor s’en allèrent en laissant des traces de boue derrière eux. Madame Pomfresh referma la porte sur eux d’un air réprobateur et Ron et Hermione se rapprochèrent du lit de Harry.

         — Dumbledore était furieux, dit Hermione d’une voix tremblante. Je ne l’avais encore jamais vu dans cet état. Il s’est précipité sur le terrain pendant que tu tombais, il a brandi sa baguette et il a réussi à ralentir un peu ta chute avant que tu touches le sol. Ensuite, il a tourné sa baguette vers les Détraqueurs, il en a fait sortir des trucs argentés et ils ont aussitôt quitté le stade… Il était fou de rage qu’ils soient entrés dans l’enceinte de l’école, on l’a entendu…

         — Ensuite, il t’a allongé sur un brancard en prononçant une formule magique, dit Ron, et il l’a fait flotter en l’air jusqu’à l’infirmerie. Tout le monde pensait que tu étais…

         Sa voix s’étouffa, mais Harry le remarqua à peine. Il pensait à l’effet que les Détraqueurs avaient eu sur lui… il pensait à la voix qu’il avait entendue hurler. Il leva les yeux et vit Ron et Hermione l’observer avec une telle inquiétude qu’il préféra changer de sujet.

       — Est-ce que quelqu’un a récupéré mon Nimbus ?

       Ron et Hermione échangèrent un bref regard.

       — Heu…

       — Quoi ? dit Harry.

       — Quand… quand tu es tombé, il a été emporté par le vent, répondit Hermione d’un ton hésitant.

       — Et ?

       — Et il est tombé sur le… le… Oh, Harry, je suis désolée… Il est tombé sur le Saule cogneur.

       — Et ? répéta Harry en redoutant la réponse.

       — Tu connais le Saule cogneur, dit Ron. Il… il n’aime pas du tout qu’on lui tombe dessus.

       — Le professeur Flitwick a rapporté ton balai juste avant que tu reprennes connaissance, dit Hermione d’une toute petite voix.

       Harry sentit ses entrailles se contracter. Le Saule cogneur était un arbre extrêmement violent, planté au milieu du parc.

       Lentement, elle prit un sac posé à ses pieds, le retourna et fit tomber sur le lit une douzaine de morceaux de bois et de brindilles brisés. C’était tout ce qu’il restait du fidèle Nimbus 2000, désormais vaincu.

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