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     Le Pacte des Marchombres

 

 

 

 

 

 

      Ellana La Prophétie

Le nom du monde était souffrance.

Au prix d’un terrible effort, elle rampa jusqu’à un arbre proche, utilisa l’ultime parcelle de ses forces  déclinantes pour s’y adosser, ferma les yeux…

Les rouvrit.

Sa vision était devenue floue. Baissait encore.

Souffrance.

Souffrances.

Celle qui irradiait dans son corps ensanglanté n’était rien. Même si sa vie s’écoulait de la plaie hideuse barrant son abdomen.

Celle de la trahison était accessoire. Qu’avait-elle imaginé ? Que les monstres pouvaient s’amender ?

Celle du rapt était insoutenable.

Peu importait qu’elle soit moribonde, peu importait que celui qui avait frappé l’ait d’abord tenue dans ses bras, ait un jour caressé le corps qu’il avait aujourd’hui transpercé, peu importait tout ce qui n’était pas l’effroyable réalité.

On avait enlevé son fils.

Elle hurla son nom. Essaya de hurler son nom…

Son murmure s’étouffa dans l’écume rouge qui jaillit de sa bouche.

Elle gémit, voulut porter la main à son visage, renonça. Visage trop loin. Main trop lourde.

La lame était entrée au niveau de l’aine, puis une poigne de fer l’avait remontée en biais jusqu’à ses côtes avant de lui imprimer une rotation maîtrisée au millimètre.

Un coup parfait.

Elle mettrait des heures à mourir.

Le nom du monde était souffrance. On avait enlevé son fils.

Elle haïssait sa faiblesse, son sang qui s’écoulait, sa vie qui s’enfuyait, la mort qui, en se déployant, lui interdisait de voler à son secours. Elle se haïssait d’avoir échoué à le protéger. Elle se haïssait de n’avoir pas frappé la première, d’avoir cru une seconde que…

Elle poussa un grognement, agrippa le tronc de l’arbre. Mépriser douleur et agonie, se lever, marcher jusqu’à l’écurie, prendre une selle, la…

Sa tête bascula sur sa poitrine.

Le nom du monde était souffrance.

Et désespoir.

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